17 octobre 2018
« La peinture ne se contente pas de reproduire l’aspect extérieur des choses, elle cherche à en capter les lignes internes et à fixer les relations cachées qu’elles entretiennent entre elles. ..
C’est dans ce contexte à la fois philosophique et esthétique qu’intervient l’élément central de la peinture chinoise : le trait de pinceau.
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Le trait tracé, aux yeux du peintre chinois, est réellement le trait d’union entre l’homme et le surnaturel. Le trait, par son unité interne et sa capacité de variation, est Un et Multiple. Il incarne le processus par lequel l’homme dessinant rejoint les gestes de la Création.
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La peinture, au lieu d’être un exercice purement esthétique, est une pratique qui engage tout l’homme, son être physique comme son être spirituel, sa part consciente aussi bien qu’inconsciente.
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L’art du trait a été favorisé en Chine par l’existence de la calligraphie et par le fait qu’en peinture, l’exécution d’un tableau est instantanée et rythmique…
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Dès l’époque des T’ang, l’exécution d’un tableau se fait de façon spontanée et sans retouches. L’artiste maintient en peignant le rythme des gestes, afin de ne point rompre le rythme.
Une telle conception de l’exécution picturale suppose, bien entendu, que le peintre possède à l’avance la vision d’ensemble et les détails de ce qu’il va peindre. En effet, avant de peindre un tableau, l’artiste doit suivre une longue période d’apprentissage durant laquelle il s’exerce à maîtriser les multiples types de traits représentant les multiples types d’êtres ou de choses, traits qui résultent d’une minutieuse observation de la nature. »